Vocabulaire Codicologique
Extrait de "Initiation au manuscrit médiéval" IRHT2002
AIS : planchettes de bois ou feuilles de carton attachées aux nerfs
de la couture ; ils protègent le volume et
servent de support à la couvrure.
ATTENTE (En) : lettre ou titre à rubriquer, écrit à la
mine de plomb ou à l'encre, en petits caractères et destiné
à disparaître (gommé, gratté, surchargé ou
rogné avec les marges) après le travail du rubricateur.
BASANE : peau de mouton tannée.
BOUT-DE-LIGNE : petite baguette, plus ou moins ornée, tracée généralement
à l'encre de couleur, pour terminer
une ligne jusqu'à la justification.
CADEAUX : traits de plume entrecroisés qui forment certaines parties
de la lettre ou en terminent la haste.
Surtout aux premières et dernières lignes de la page.
CAHIER : groupe de feuillets obtenus par pliage d'une feuille (de parchemin
ou de papier) ou par la réunion
de plusieurs feuilles pliées.
Les cahiers les plus courants sont constitués de :
- deux bifolios (binion)
- quatre bifolios (quaternion)
- huit bifolios (octonion) ...
CHASSES : espaces déterminés par le dépassement des plats
sur le corps d'ouvrage. Elles peuvent exister en
tête, en queue et en gouttière.
CHEMISE : pièce de peau ou de tissu collée, lacée ou clouée
à l'emplacement du rempliage sur les contreplats,
par-dessus la couvrure. Sa surface en tête et en queue est souvent plus
grande que celle du volume, ce qui
assure une protection supplémentaire.
COIFFES : parties rempliées de la couvrure en tête et en queue
du dos.
COLOPHON : formule finale dans laquelle le copiste mentionne son nom et/ou le
lieu et/ou la date de copie.
CONTREPLAT : face interne de l'ais. Comme pour les plats, on distingue contreplat
inférieur et supérieur.
CORRECTION : il existe différentes manières pour le copiste ou
le relecteur de corriger un texte fautif : grattage,
rature, exponctuation (le passage fautif est souligné de points).
CÔTÉ CHAIR/CÔTÉ POIL : envers de la peau, tourné
vers l'intérieur de l'animal / endroit de la peau (côté
où les
poils sont implantés).COUVRURE: pièce de peau ou de tissu qui
recouvre le dos et les ais en plein ou
partiellement (demi-reliure). Pour les peaux, sauf indication contraire, le
côté chair est placé contre l'ais.
DOS : ce terme peut désigner deux éléments :
1) l'ensemble constitué par le dos des cahiers et les différentes
coutures qui relient ces cahiers ;
2) la partie de la couvrure qui recouvre cet ensemble.
ENLUMINURE : ensemble des éléments décoratifs et des miniatures
exécutés dans un manuscrit.
ESTAMPAGE : procédé de décor du cuir par impression à
chaud à l'aide de petits fers, roulettes, palettes et
plaques.
EXPLICIT : voir Incipit.
FERMOIR : système d'attache des deux plats ensemble, il est composé
de trois éléments en métal, en métal et
cuir ou en métal et tissu. Ces trois éléments peuvent être
: une patte, une agrafe et une contre-agrafe, ou bien
une patte, une agrafe et un tenon. Sans mention particulière, le fermoir
est fixé en gouttière.
FEUILLE : feuille de papier telle qu'elle sort de la forme. Ne pas confondre
avec le
FEUILLET OU FOLIO : dans un manuscrit, il s'agit de deux pages, c'est-à-dire
d'un recto et d'un verso. Ainsi là
où la pagination indiquerait : page 1, page 2, la foliotation inscrit:
folio 1 sur le seul recto (ou verso) du
feuillet.
FILIGRANE : dessin en relief réalisé avec un fil de laiton, attaché
sur la forme à papier. II se lit sur la feuille de
papier par transparence. Son identification peut permettre la localisation et
la datation du papier grâce aux
répertoires de filigranes. Ne pas confondre avec une Lettre à
filigrane ou filigranée : initiale décorée d'un
réseau de fioritures exécutées à la plume, à
l'encre noire ou de couleur, sans fond peint.
FILS DE CHAÎNE : Lignes qui apparaissent sur la feuille de papier, perpendiculairement
aux vergeures.
GARDES (garde et contregarde) : le terme "garde" a deux sens, l'un
générique, l'autre particulier :
1) il désigne l'ensemble des feuillets ajoutés au début
(gardes supérieures) et à la fin (gardes
inférieures) du codex ;
2) il désigne, parmi ces feuillets, ceux qui sont restés libres
("gardes volantes "), par opposition à la
contregarde qui, elle, est un feuillet collé sur le contreplat. On peut
trouver des gardes de remploi (ff.
de ms. démembrés, chartes).
GOUTTIÈRE (en) : côté du livre opposé au dos. Voir
tranche.
HÉRALDIQUE : armoiries, emblèmes, devises permettant d'identifier
un ou des possesseurs anciens.
INCIPIT/ EXPLICIT :
1) Incipit/explicit vrai : les premiers / derniers mots d'un texte (à
l'exclusion des titre, intitulé de chapitre,
colophon, etc.). En l'absence de titre ou de nom d'auteur, l'incipit peut permettre
l'identification du texte
dans des recueils d'incipits. Même chose pour l'explicit si l'oeuvre est
acéphale,
2) Incipit/explicit repère : premiers / derniers mots d'un feuillet convenu
arbitrairement (en général le
second et l'avant-dernier), qui permettent d'identifier un exemplaire particulier
d'un texte dans des
catalogues médiévaux qui usent de ce système de repérage.
INITIALE : lettre commençant un ouvrage, une partie de texte, un chapitre,
un paragraphe, etc., mise en valeur
par divers procédés dont le premier est le module (voir : filigrane,
rubrique, lettre historiée, lettre ornée). On
peut aussi parler de lettrine. Attention à ne pas confondre cette acception
particulière d'initiale avec le sens
général du mot : lettre qui commence un mot, un vers.
JUSTIFICATION : délimitation de la surface écrite (voir réglure).
LETTRE HISTORIÉE : initiale à l'intérieur de laquelle se
trouve une représentation figurée (humaine, animale...).
LETTRE ORNÉE : initiale qui présente un décor, varié
suivant les époques, les techniques : entrelacs ou câblage,
rinceau et vrille, volute... Voir lettre à filigrane.
LIENS : paire de lacets en cuir permettant de maintenir attachés ensemble
les deux plats.
LONGUES LIGNES : lignes d'écriture occupant toute la largeur de la page,
par opposition aux manuscrits copiés
en colonnes (deux généralement) .
MINIATURE : peinture d'un manuscrit destinée le plus souvent à
en illustrer le texte. Au Moyen Age, on parlait
d'histoire (mot attesté dès 1240).
NERF : bande de peau ou de septain autour desquelles on enroule le fil qui sert
à coudre les cahiers. Les
extrémités en sont fixées aux ais. Il existe deux sortes
de nerfs :
1) les nerfs de couture répartis le long des cahiers ; ils peuvent être
simples, doubles ou fendus selon
qu'il sont faits d'une, de deux bandes ou d'une bande de cuir fendue ;
2) les nerfs de tranchefiles en tête et en queue des cahiers.
ONGLET : bande de parchemin ou de papier pliée en deux dans le sens de
la longueur, qui peut avoir deux
usages. Elle sert à :
- renforcer un cahier au centre ou à l'extérieur
- coudre un feuillet isolé, dépourvu de talon.
OREILLE : élément constitué des débordements en
forme de demi-lune de la couvrure en tête et en queue du
dos, et de la pièce de renfort de la tranchefile.
PEAU MÉGISSÉE : peau traitée sans tanin, très souple
et de couleur blanche à l'origine ; elle peut être teintée.
PIED DE MOUCHE : signe de paragraphe de forme arrondie, parfois utilisé
à des fins décoratives.
PIQÛRE : série de petits trous ou fentes, alignés sur le
feuillet, destinés à guider le traçage de la réglure.
PLAT : le terme peut désigner soit simplement la face externe de l'ais,
soit l'ensemble constitué par l'ais, la
couvrure et la contregarde.
PLEINE/DEMI-RELIURE : dans une pleine reliure, le plat est entièrement
recouvert par la couvrure ; dans une
demi-reliure, il ne l'est que partiellement.
PONTUSEAUX : petites barres de bois reliées au cadre d'une forme à
papier et soutenant les fils de chaîne. Par
glissement de sens, on a longtemps appelé pontuseaux les traces laissées
sur la feuille de papier par ces fils
de chaîne.
QUEUE (en) : partie inférieure du livre. Voir tranche.
RÉCLAME : premiers mots du cahier suivant inscrits dans la marge inférieure
de la dernière page du cahier
précédent. C'est un des signes qui permettent au couseur et au
relieur de vérifier la bonne succession des
cahiers et de voir si le manuscrit est complet.
RÉGLURE : ensemble de lignes tracées sur la page (à la
pointe sèche, à la mine de plomb, à l'encre) pour
délimiter la surface à écrire et guider l'écriture.
RELIURE SOUPLE : reliure qui ne possède pas d'ais. Le plat est constitué
uniquement par la couvrure.
REMPLIS : partie de la couvrure collée ou clouée sur les contreplats.
Il en existe plusieurs types :
1) pliés au carré : les deux bords de la peau forment un angle
droit ;
2) recoupés en diagonale : les deux bords de la peau se rencontrent suivant
la diagonale du coin ;
3) cousus : les deux remplis sont cousus bord à bord ;
4) avec becquets : une languette de peau est ménagée entre les
deux bords.
Si un rempli est aminci sur le bord, il est dit "paré ".
RUBRIQUE : mention écrite à l'encre rouge, et par extension, intitulé
d'un texte ou d'une de ses parties mis en
valeur par l'emploi d'une encre rouge ou d'une autre couleur.
SEPTAIN : cordelette plus ou moins grosse servant à la couture des cahiers
ou des tranchefiles.
SIGNATURE : numérotation des cahiers (le plus souvent sur les rectos,
dans la marge inférieure) permettant de
les coudre et relier dans le bon ordre.
TALON : reste d'un feuillet coupé à peu de distance de la pliure,
qui permet la couture de l'autre moitié du
bifolio. Voir aussi onglet.
TÊTE (en) : partie inférieure du livre. Voir tranche.
TITRE COURANT : mention (titres, numéros du livre, du chapitre...) inscrite
dans la marge supérieure de chaque
feuillet, destinée à faciliter le repérage.
TRANCHE : désigne les trois côtés du volume (tête,
gouttière, queue) qui ne sont pas pris dans la reliure, par
opposition au dos.
TRANCHEFILES : système qui, en tête et en queue du dos, unit les
cahiers entre eux ou les cahiers entre eux
avec les ais ou bien encore les cahiers entre eux avec les ais et la couvrure
;
1) ce peut être une broderie en fil allant de cahier en cahier, avec ou
sans âme ;
2) la broderie en fil entoure une âme fixée aux ais. A partir du
début du XVIe s., elle peut ne plus être
fixée aux ais ;
3) la broderie prend le bâti et le bord de la couvrure du dos. Cette broderie
peut être en fil ; ce peut être
aussi une tresse de cuir, technique particulière que l'on trouve sur
les antiphonaires reliés à la fin du
Moyen Age, et plus tard.
VELIN : peau de veau tannée
VERGEURES : marques sur le papier des fils de laiton droits d'une forme à
papier, perpendiculaires aux fils de
chaîne.